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Louis se retient d’éclater de rire alors que la rouquine s’excuse, elle risque de se sentir vexée si jamais elle l’entend et le voit se fendre la pipe. Mais un gros mot dans sa petite bouche de demoiselle si courtoise, c’est vraiment super étrange. Ça a même un côté craquant, mais il dégage cette pensée vite fait de son esprit, il n’est pas là pour jouer au lover. Et vu sa bouille aux accents mélancolique et avec une touche de fatigue, le jeune homme doute fortement qu’elle se montre réceptive à un flirt. Surtout que ça sort un peu de nulle part en plus. Bref !

— Visiblement, il n’y a pas qu’aux connards que tu dois échapper, mais aussi à tes pensées.

Woh, c’est qu’il se la joue poète en plus. À nouveau, il retient un rire, mais cette fois plus à cause de sa propre connerie qu’à la demoiselle dont la vulgarité lui semble presque étrangère, et qui ne pas forcément très bien avec la prestance qu’elle dégage. Le jeune photographe l’observe à la dérobée, toujours avec l’étrange sentiment de l’avoir vu quelque part, mais ou déjà ? Impossible de se rappeler pour le moment, c’est super frustrant.

— Bah, essaye, qu’il répond concernant le vouvoiement. C’est toujours intéressant de sortir de sa zone de confort. Enchanté Lexie, moi s’est, Louis.

Il s’empare de la main tendue, qu’il serre sans y mettre trop de force. Elle a des petits mains tellement fine et blanche sous les taches de rousseur, qu’il aurait presque peur de lui faire du mal en mettant y mettant trop de vigueur. Clope au bec, il voit bien le regard que la jeune femme darde sur son bâton de la mort, ce qui manque à nouveau de lui arracher un sourire, suivit d’un rire. Décidément, jamais deux sans trois comme on dit. Et à force, son énervement et sa contrariété se sont pratiquement envolés. Louis est tout de même bien content que la rouquine… Enfin, Lexie ne lui fait pas un sermon sur les dangers de la cigarette, il est vaguement au courant que ce n’est pas bon. Sa mère et son père sont déjà sur son dos à ce propos, donc ça va il a assez de monde pour lui faire la leçon. Merci !

La rouquine ne s’offusque pas que Louis la prenne en photo. En général, les gens ne râlent pas trop, trouvant ça plutôt flatteur d’être pris pour un modèle, le temps de quelques secondes. Puis de toute façon, il peut très bien effacer les clichés à la demande si jamais ça embête trop un tel, ou une telle. Ce qui n’est pas le cas de la rouquine, qui poursuit sur le ton de la conversation.

— C’est une bonne chose le dessin alors, je veux dire, ça t’oblige à faire travailler ta mémoire si tu veux te rappeler des détails des choses que tu dessines, rétorque le gamin en lui rendant son sourire. Alors que la photo, c’est plus une question de timing et d’avoir des bons réflexes, si tu loupes le moment parfait, tu ne peux pas revenir en arrière pour l’immortaliser.

Il tire sur sa clope avant de reprendre, toujours un fin sourire ourlant ses lèvres.

— Encore une bonne raison pour sortir de ta zone de confort, si tu n’as pas fait des portraits depuis un bon moment. C’est le lieu idéal pour ça, le West Potomac Park ne manque pas de visages intéressants à croquer.

Vague signe de la main vers un groupe de personnes, discutant avec bonne humeur.

— En plus de ça, tu peux parfaitement travailler les lumières du coucher de soleil sur des visages, ça a aussi son charme. Mais ouais, ce lieu devient clairement plus sympa quand il n’y a plus grand monde dans les parages… Comme beaucoup de coin dans la ville la nuit en vérité, ou même au petit matin quand l’aurore pointe le bout de son nez. Ché pas je trouve qu’il n’y a rien de plus serein que le lever du soleil…

« Tu t’égard un peu là mon grand là ». #artistesensensible. Il se retient à nouveau de rire.

— C’est ça, sauf quand il y a des rouquines sauvages qui passent dans mon objectif, pour me détourner de mon attention.