Il avait entendu parler de ce moment. Et il n'y croyait pas vraiment. Jusqu'à présent, les Systémics n'avaient pas frappé de vrais gros coups. Certes, il y avait eu des attaques, parfois plus violentes que d'autres, mais depuis qu'il allait assister aux petites réunions au sein du centre pour mineurs, il n'avait jamais rien vu de tel. Et si d'un côté, Marvin avait le coeur plus léger de savoir que les choses étaient en train de changer, c'était la culpabilité de ce qu'il pouvait bien se passer qui l'étouffait et l'alourdissait. C'était un fardeau qu'il ne savait pas porter. Oui, mais il suivait les traces de sa mère. Mais si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait empêché que tout ça n'arrive. Parce que ce n'était pas en tuant qu'ils réussiraient à être meilleurs. Mais au moins, les systemics, eux, faisaient bouger les choses, et ne passaient pas leur temps à parler, de tout de rien, du ciel et du beau temps comme le faisaient si bien les membres du PRP, en droguant leurs invités lors de leurs soirées. Parce qu'il en était sûr, c'était totalement le genre de chose que le gouvernement n'aurait pas apprécié, bien qu'il ne se souvienne d'absolument rien, et les choses avaient fini encore plus mal parce qu'il n'avait pas été dans un état normal, et que le lendemain, les révélations de James lui étaient arrivées en pleine figure sans qu'il n'ait vraiment le temps de se rattraper à quelque branche que ce ne soit. Et surement aussi que son entêtement avait pas mal participer à l'éloigner de celui qui pendant de longs mois lui avaient menti.

Marvin avait douté, plus que jamais. Il s'était demandé où se trouvait le vrai du faux. Il avait tellement passé de temps à réfléchir qu'il était devenu ce prof qu'il ne voulait pas être, à donner des devoirs à ses élèves pour être tranquille, ce genre d'homme qui ne se rase même plus. Il était triste, il était malade d'amour, et depuis plusieurs semaines, tout ce à quoi il pensait, c'était qu'il n'avait jamais dit à James que lui aussi, il l'aimait. Tout ce qu'il avait fait, c'était de rire à sa déclaration. La drogue excusait sûrement une partie, mais son incapacité à exprimer ses sentiments et à ouvrir son cœur, doublé d'être têtu comme la mule d'Aladin, ça n'aidait vraiment pas. Et alors qu'il était chez lui, encore en train de ruminer, avec une bière à la main, il se vit dans le reflet de la vitre, par cette journée à laquelle manquait le soleil, tout comme James manquait à sa vie. Il soupira, et jeta un coup d'oeil à sa montre. Et comme d'énervement, il laissa tomber la bouteille, encore à moitié pleine en la jetant presque au sol. Il se leva, et décida que c'était le jour où tout allait changer. Pour ça, il alla prendre une douche, et se raser pour la première fois depuis des mois.


Une fois prêt, et dans des vêtements propres, qui ne sentaient pas l'alcool ou le désespoir de vivre-enfin, presque-, il descendit les escaliers de son immeuble miteux et prit son vélo. Il était décidé à accomplir la tâche qu'il avait en tête. Et désormais, il se dirigeait vers le capitole, sans plus se faire le moindre souci. Après quelques très longues minutes, il arriva au niveau de l'île principale sur laquelle il vivait, où le Capitole se trouvait. Par un miracle qu'il n'ignorait pas, il s'était retrouvé à l'intérieur sans avoir été inquiété de la sécurité. Et, désormais, il suffisait juste de trouver le bureau de James. Et pour cela, il avait une idée. Il arriva prêt de la demoiselle qui devait être secrétaire, et avec son plus beau sourire, il lui demanda. «Bonjour, je suis l'attaché du Président du Parti Communiste Chinois, j'ai rendez vous avec le Ministre de l'Intérieur. Pourriez vous m'indiquer où puis-je le trouver ?» Il se souvenait très bien de James qui lui avait dit qu'il travaillait pour Monsieur Aberline, à l'époque ou Marvin l'appelait encore Henry, sans connaître la vérité. La demoiselle lui indiqua, et d'un signe de tête pour la remercier, il partit à la poursuite de sa destinée.
Et une fois arrivé au niveau indiqué, il demanda à un jeune homme. «Pardonnez moi, je suis.. Je suis nouveau, où puis-je trouver le service informatique ?» mais cette fois-ci, il se heurta à un refus de lui indiquer où c'était. Il demanda un nom, et Marvin n'eut qu'à peine le temps de dire «James» que le garçon était parti en l'intimant de s'asseoir et de ne pas bouger, rendant, pour la première fois depuis son long périple, les minutes interminables.

La fierté l'avait laissé silencieux face au mal qu'il subissait, incapable de faire le moindre pas pour le changer. Et, depuis quelques temps, c'était devenu de plus en plus dur de porter le fardeau d'un coeur brisé, si ce n'était deux. Le sien, mais celui de James également. Peut-être que dans le fond, c'était ce qui l'avait décidé à venir sans même y réflechir. Et assis là, sur ce siège d'attente, à espérer l'arrivée de James, c'était sûrement les moments les plus longs de sa vie. Les minutes, interminables, avaient décidé de ne pas passer, jusqu'à ce que, miraculeusement, le visage de l'homme qui hantait ses nuits, rêves comme cauchemars, désirs comme plus grandes craintes, n'apparaisse dans le couloir. Ni une, ni deux, il se leva, comme on se lèverait pour accueillir son banquier, de la façon la plus impersonnelle possible, alors que pour lui, c'était simplement le signe de la hâte qu'il avait de parler avec lui. Pourtant, vu de l'extérieur, ça ressemblait à tout sauf à ça. Décidément, entre ses interactions sociales limitées au minimum professionnel et le reste restant assez illusoire, il n'était pas si doué qu'il n'y paraissait. En tout cas, pas en amour.

Marvin s'osa à quelques pas vers James, prêt à parler, alors que les paroles de James le laissaient injustement sans voix. Il aurait eu envie de lui rendre la pareille, mais dans cet endroit qui représentait... tout sauf ce qu'il aimait, c'était impossible. «Je.. J'ai beaucoup de choses à te dire et...» son idée de passer dans un endroit plus privé était loin d'être une mauvaise idée. Non pas que Marvin était un peu perdu sur les lieux, mais quand même, il laissa James le guider devant l'ascenseur sur lequel il appuya pour le faire descendre à l'étage. Marvin soupira légèrement. L'attente avait décidé de se rendre vraiment interminable. Et la force des choses de laisser encore plus de temps avant que les mots qui lui brûlaient les lèvres ne puissent enfin s'échapper de celles-ci. Marvin entra dans l'ascenseur à la suite de James, et leva les yeux au plafond. Non, décidément, il n'était pas du tout à l'aise.

Pendant un instant, une minute, peut-être plus, il ferma les yeux en essayant de contrôler sa respiration, avant de se tourner vers James. «Ecoute je...» Une secousse dans l'ascenseur, et la lumière s'éteignit avant même qu'il n'ait eu le temps de reprendre ses mots. Okay ne cédons pas à la panique ! Mais c'était déjà trop tard, Marvin appuyait frénétiquement sur le bouton de leur étage, comme si ça allait remettre en route l'ascenseur. Il lui fallu à nouveau quelques secondes, avant qu'il n'ait la présence d'esprit de prendre son téléphone en main, et de s'en servir comme d'une lampe torche, qu'il essaya de ne pas diriger devant les yeux de James. «Décidément, j'ai l'impression que l'univers s'acharne pour que je ne puisse pas te parler.» rit-il, un peu jaune, parfaitement gêné. «Ecoute, je suis désolé de comment j'ai laissé les choses entre nous. Je ne me souviens pas de tout de cette nuit, et... Et oui, j'ai été blessé que tu ne me fasses pas suffisamment confiance pour me dire ta véritable identité.. Peut-être aussi de l'avoir appris par ton frère, un inconnu pour moi mais... la situation est insupportable. Je ne peux pas continuer comme ça.» Il s'appuya contre la paroi de l'ascenseur, peut-être un peu loin de lui, mais il avait l'impression que c'était le seul moyen d'éviter de prendre une gifle après trois mois de silence et de quasi ignorance.

La lumière s'est éteinte, tout comme l'espoir de Marvin de conserver un peu de fierté. Il avait l'impression que le sol s'était déroulé, effondré sous ses pieds, le faisant tomber dans une abîme sans fin. Il avait mal, mal d'être là et de regarder cet homme qu'il avait tant aimé, lui tourner le dos, tout comme il l'avait fait, lui, quelques temps auparavant. Il marqua un temps de silence en écoutant James. Il n'était pas certain qu'ils se comprenaient seulement. Il soupira, et reprit. «Ne sois pas désolé.» Sa gorge se resserrait, l'empêchant d'être normal, alors qu'il voyait le visage fermé, plus encore que le sien, de James, grâce à la lueur de la lampe torche intégrée à son téléphone. «C'est moi qui devrais l'être. Je t'ai rejeté, largement ignoré ces derniers temps alors que... Alors que je n'aurais pas dû.»

S'en suivit ensuite un long silence, tant de sa part que celle de James, alors qu'il venait d'enregistrer qu'il y était arrivé. Les mots qui l'avaient empêché d'avancer parce qu'il les retenait venaient enfin de s'échapper d'entre ses lèvres, une véritable libération pour lui. Et c'était la seule chose qui comptait, à ce moment précis, alors que l'électricité semblait honnêtement avoir décidé de lâcher, les rendant prisonniers, pour le meilleur comme pour le pire, bien que pour l'instant, Marvin n'arrivait pas à décider ce dont il s'agissait exactement au moment très précis. «Je crois que je suis capable de comprendre pourquoi tu as fait ça, aujourd'hui. Et... Et sache que de mon côté, je n'aurais jamais dit à personne ce que je savais du vrai toi.» Au moins, ça c'était une certitude, qu'il pensait que, lors de la tempête, il aurait tout à fait pu comprendre, et assimiler. Mais peut-être que dans le fond, les mots de James n'étaient pas que là pour le rassurer. Peut-être bien qu'au fond de lui, il y avait cette crainte permanente de lui-même, et un manque de confiance que Marvin estimait être totalement déplacé. James avait tout pour lui, il était grand temps qu'il le réalise.

Toujours sans vraiment laisser le temps à James de repartir dans des explications qui l'enfonçaient, alors que ça n'était pas le but du professeur, sa visite avait un tout autre sens à ses yeux. Il venait lui demander pardon, ce qu'il aurait dû faire des mois encore auparavant. Seulement, il n'était pas particulièrement doué pour présenter des excuses, c'était une évidence...«Arrête de parler.» lui ordonna-t-il, le coupant dans ses mots, sans réaliser qu'il avait lâché son téléphone, écran face au sol, avant de faire un pas hésitant, puis deux plus assurés vers lui, et d'aller l'embrasser avec la passion d'antant, si ce n'était plus. Il ne voulait pas ne pas lui pardonner. Après quelques secondes, Marvin décolla ses lèvres de celles de James. «Je ne veux pas ne pas te pardonner. Ces trois derniers mois ont été les plus vides de toute ma vie. Je te veux, toi, toujours. Peu importe le passé.» ça avait été un vrai travail sur lui-même d'accepter ça, et de tirer un trait sur ces mensonges. Mais la vie sans James n'avait aucun intérêt, depuis qu'il le connaissait. Et même si les trois mots les plus importants ne s'étaient pas encore échappés de ses lèvres, il les pensait déjà. Disons qu'il essayait juste de se protéger de la suite des évènements.

Il avait fallu quelques minutes à Marvin pour comprendre ce qui semblait affoler James. Quelques minutes avant qu'il ne lui intime de se taire, et qu'il ne laisse son coeur s'exprimer. Il avait eu l'impression que chaque jour de ces derniers mois que c'était la seule chose qu'il attendait, contrebalancé avec l'incompréhension. Alors, oui, peut-être que dans le fond, il n'était pas totalement sûr d'être en mesure de comprendre totalement les raisons qui pouvaient avoir poussé James à lui mentir, mais il avait surtout compris que ça n'était pas dans le but de lui faire du mal. Et au fur et à mesure que le besoin de sa présence augmentait, c'était le sentiment d'abandon et de déception qui diminuaient, totalement engloutis par le premier sentiment.

Il offrit un sourire à l'homme qui faisait battre son coeur. La situation n'était pas particulièrement idéale, il l'avouait. Etre coincé dans un ascenseur n'avait rien d'aussi sexy qu'on pouvait le voir dans certains films, c'était certain. C'était même plutôt stressant. Il serra doucement la main de James dans laquelle il avait glissé la sienne, et, pour la première fois de sa vie, il se sentait prêt à dire les trois mots magiques, et d'ailleurs, il commença à prendre la parole en rassemblant absolument tout son courage. «Je voulais te dire.. Enfin, je voulais que tu saches que je...» mais une alarme stridente résonna, et il fut interrompu bien malgré lui. Il plissa les yeux, et son coeur se serra. Cette fois-ci, ce fut son propre choix de lui mentir, d'une certaine façon. Il ne voulait pas que James soit en danger, c'était sûrement la raison pour laquelle, ici, au Capitole, il lui cacha la vérité. «Qu'est-ce qu'il... se passe ?» demanda-t-il, en hésitant un instant pour savoir s'il faisait véritablement croire qu'il n'en avait aucune idée. Comment est-ce que tout pourrait s'arranger entre eux si la vérité n'était pas de mise ? Marvin soupira, et hocha la tête. Il le suivrait partout où il voudrait.

Il jeta un coup d'oeil autour de lui, en essayant de réflechir le plus vite possible. «James...» commença-t-il, sûrement sans être entendu par son compagnon d'infortune «James..» reprit-il avant d'utiliser un ton plus fort, et plus autoritaire. «James ! Calme toi. Il faut qu'on sorte, oui, mais ça ne sert à rien de t'époumoner sur la porte ! Elle ne s'ouvrira pas comme ça. On est entre deux étages.» dit-il en montrant la fenêtre en verre flouté qui montrait une limite qui normalement désignait le sol. Il soupira et regarda au dessus de lui. «Regarde, il y a une trappe en haut. Je vais te faire la courte échelle. Normalement, tu devrais être au niveau de la porte une fois au dessus.» dit-il, calmement. Il sortit une carte, un peu solide. «Grâce à ça, tu pourras ouvrir la porte, je te rejoins pendant ce temps.» dit-il, en espérant qu'il pourrait vraiment le faire, pensant simplement à faire sortir James de là. Lui, s'il n'y arrivait pas, ce serait tant pis pour lui, il n'avait qu'à réfléchir à deux fois, la prochaine fois.
Il regarda James avec un sourire qui se voulait rassurant. «Tout va bien se passer, je te le promets.» dit-il avant de l'embrasser, puis de rajouter, pour la première fois. «Je t'aime.»

Il savait que les minutes étaient dangereuses, que chaque seconde qui passait pouvait être le grain de sablier de trop. Il savait ce qu'il se passait, il en avait largement entendu parler, il avait fait partie des réunions des Systemics qui en parlaient. Il savait que le danger était tout prêt. Mais quand et où les bombes pourraient exploser ? Il n'en savait rien. Et c'était pour ça que Marvin voulait à tout prix faire sortir James de cet ascenseur. Il refusait l'idée d'être en partie responsable. Pour dire la vérité, Marvin pensait avoir plus de temps, et il s'était persuadé qu'il n'y aurait rien ici. Et pourtant. Pourtant, tout lui laissait croire qu'outre les bureaux de DoubleThink, tout endroit politique ou sociétal pouvait représenter un danger.

Le coeur soulagé de voir James hocher la tête, et qui semblait accepter son éventualité, il lui sourit. Tout allait aller bien, et Marvin était certain qu'il arriverait à le rejoindre si James lui faisait confiance. Et il y arriverait. Même à se faire confiance à lui-même. Jusqu'à ce que le moment fatidique arrive. Etaient-ce ses mots qui lui avaient levé toute confiance en lui ? Il soupira, et passa sa main sur son visage, comme pour enlever des gouttes de sueur inexistantes. Mais Marvin savait qu'il fallait agir vite. «On n'a pas beaucoup de temps, James, qui sait... Qui sait ce qu'il peut arriver ?» demanda-t-il, inquiet. «Plus on agit vite, et plus on a de chances de s'en sortir.» avoua-t-il, avant de prendre les mains de James.

«Ecoute, cette cabine ne nous protégera pas indéfiniment. Je ne suis même pas certain qu'elle nous protège vraiment..» dit-il, en évitant toujours de dire ce qui lui brulait les lèvres. Mais quand James pose son front sur le sien, Marvin réalisa, silencieusement, l'ampleur du problème. Il devait dire la vérité à James et éviter que de nouveaux mensonges s'immiscent entre eux. Il devait, pour qu'il accepte de se sauver. Et non pas qu'il ne se condamne à une possible errance dans la cage d'escalier, si ce n'était d'être enfoncé sous les débris de l'immeuble qui pourrait, ou ne pourrait pas, exploser à tout moment. «James..» commence-t-il avant d'être coupé dans son élan par sa déclaration d'amour qui répondait enfin aux mots qui désignaient les véritables sentiments de Marvin. «Je suis désolé.» dit-il, comme s'il parlait du fait de lui déclarer ce qu'il ressentait à ce moment précis.

Mais c'était une toute autre raison qui le poussait à s'excuser. Il soupira, et inspira, en rassemblant tout son courage. Désormais il en avait besoin pour dire la vérité. «Il n'y a personne qui nous attend dehors, armé jusqu'aux dents, je te le promets.» soupira-t-il de nouveau, avant de reprendre, coupant toute  possibilité de répondre à James. «Et avant que tu ne le demandes, je le sais, et c'est tout. Je sais ce qu'il se passe, je ne pensais juste pas que ça arriverait si vite.» Vite, Marvin, réfléchis. Vite. Le temps est compté avant qu'il ne puisse plus s'échapper de cette situation, et qu'il ne doive dévoiler le fond de ses actions à un homme qu'il venait à peine de retrouver, sinon à peine de trouver, et qu'il n'acceptait plus de perdre. «Il se passe beaucoup de choses, des choses que le gouvernement et certaines castes ne connaissent pas, dans les quartiers des Castes 3...» commença-t-il, sans mentir, avant de commencer à oublier la vérité.. «On entend beaucoup de choses.» James savait que Vanessa et leur père habitaient tous les deux là-bas, il le lui avait dit, il en était certain. «Et là bas, on parle d'une attaque à la bombe.. J'ignorais ou ni quand mais.. Elles ont été posées, c'est forcé. Est-ce qu'elles vont exploser, je n'en sais rien mais.. Il faut qu'on sorte d'ici, tu comprends ? Je crains moins des hommes armés que les conséquences fatidiques d'une bombe si on est enfermés là tous les deux. Je refuse de te perdre dans des décombres.» confia-t-il, en essayant de contrôler ses émotions pour ne pas paniquer.

La panique s'en prenait à James, faisant de lui la victime idéale, une proie sans pareille. Marvin avait quelques instants résisté à la tentation de lui dire ce qu'il se passait. Il avait hésité, et finalement, en voyant que plus rien ne semblait retenir le peu de rationalité qu'il restait à James, il avait expliqué ce qu'il savait, sans vraiment nommer réellement comment il le savait. Mais James semblait être apaisé. Et ça avait rassuré Marvin, bien qu'il ne savait pas vraiment où les bombes pouvaient exploser. Voilà qui tout à coup, mettait un coup au moral de Marvin. Il aurait pu empêcher cette situation s'il avait participé plus tôt aux réunions. Mais désormais, il n'était plus vraiment sûr de rien. Une chose était sûre : il ne regrettait pas de savoir, et peu importait la situation, il ne le regretterait sûrement pas. Ils allaient faire bouger les choses, et quelque part, si sa vie avait été sacrifiée dans le passé, il était prêt à agir en essayant d'épargner des vies humaines, mais en usant de violence malgré tout. Détruire des bâtiments vides, okay. Mais il n'avait rien entendu concernant le ministère. Et il n'était pas certain d'être okay avec l'idée qu'il y avait au moins une personne dans les lieux. Pourtant... Pourtant il ne se voyait pas agir autrement qu'aux côtés des Systemics.

James sortit alors qu'il lui faisait la courte échelle, et Marvin hocha la tête quand vint son tour.«Oui, décale toi un peu.» demanda-t-il avant de s'élancer, et de sauter, réussissant avec un peu de difficulté à accrocher ses bras au dessus de la cabine, et en sortant, non sans l'aide de James. Quand finalement, il a réussi à crapahuter, il s'est laissé tomber assis, alors qu'il remarquait que James venait de s'arrêter devant les portes. «Qu'est-ce que...» mais finalement, quand l'homme prend la parole, il a la réponse. Il hocha la tête, et se releva en essayant de ne pas faire tanguer la cabine. «Je te le promets James.» Même s'il aurait préféré sauver James coute que coute, plutôt que sa propre vie, qui n'avait pas la moindre valeur à ses yeux. Il hocha la tête, et lui prit la carte, avant d'essayer d'écarter les portes. «J'ai besoin de ton aide. Il faut que tu tires cette porte de ton côté, je tirerais l'autre du mien, sinon, on ne pourra jamais passer.» Et tout ce qu'il espérait, c'était que l'ascenseur ne se remettrait pas en route. Il avait vu suffisamment de fois les vieux Mission Impossible pour s'inquiéter de ça. Ils devaient agir vite. Et finalement, rien ne bougea, sauf les portes. Marvin fit grimper James, qui arriva finalement au sol de l'étage, hors de la cage d'ascenseur, avant de le suivre, et de se laisser tomber au sol, une fois que même ses pieds avaient passé les portes à peine entrouvertes. Il regarda James, et posa sa main sur son dos. «Tout va bien ?» dit-il, en appuyant ses mains à la moquette du sol, histoire de s'asseoir, plutôt que de larver au sol.