Il suffisait d’une signature, juste une pour mettre fin à une histoire. Je ne pouvais même pas vraiment me plaindre de la durée, six mois, un peu plus, ça ne serait sans doute pas une grande perte et peut-être qu’il était plus judicieux que ça arrive maintenant que lorsqu’une vie de famille serait en projet… J’avais beau rationaliser autant que je voulais, ça n’en restait pas moins qu’il m’avait quitté, qu’il avait disparue et que pour la première fois de ma vie, j’avais le coeur brisé. Je n’avais pas vraiment cru être ce genre de mec au final, le genre à souffrir car il s’était salement fait plaquer. Je n’étais pas un monstre après tout, j’étais jamais méchant, même si j’avais été un peu frivole avant Charlie, c’était avant et là… La je me retrouvais seul, avec un trou béant dans la poitrine et l’impression d’avoir merdé… J’en avais même pas parlé à James, ni à Julianna, en fait pour la première fois depuis que j’étais petit, j’avais peur des discours, de ce qu’ils pourraient me dire, peur d’avoir été prévenu inutilement, peur peut-être d’être ridicule à pleurer un gars qui n’en aurait rien eu à foutre de moi, mais surtout peur d’être soutenu et que ça devienne trop dur de garder la tête hors de l’eau.

Alors j’avais été dans un bar, j’avais le droit maintenant que j’avais 21 ans et que mon mariage était officiellement terminé. J’avais bien le droit à une petite récompense pour ça non ? Une petite récompense pour avoir accepté et abandonné faute d’avoir su assez me battre. Et cette récompense c’était clairement oublier, dans de l’alcool. L’alcool avait créé cette merde, il devait bien pouvoir m’en débarrasser non ? Ou me le faire oublier. Ca c’était facile… J’avais donc trouvé un bar sur l’île est, j’y étais rentré, et j’avais déjà commencé à boire quelques verres quand je finis par avoir besoin d’un autre truc, le genre de truc qui était idéale pour oublier un ex. Le genre de truc que Charlie était trop coincé pour faire réellement et spontanément. Il me fallait quelqu’un avec qui coucher et si possible quelqu’un de plus doué que Charlie ou avec qui il serait plus facile d’oublier. Et même là c’était ridicule, j’étais pas ce genre de garçon, j’avais beau me faire passer pour le plus rebelle, je n’étais qu’un mec paumé avec un ex encore bien trop présent dans sa vie.

Tournant la tête à droite, je remarquais toutefois un mec qui avait l’air pas mal, qui était seul, ou du moins j’en avais l’impression, et qui peut-être pourrait me faire oublier quelques minutes Charlie. Commandant donc un verre pour lui, je finis par me lever pour le rejoindre et déposer le verre sur sa table, « Salut. »soufflais-je avant de m’asseoir et de demander, « La place est libre ? », j’aurais peut-être dû m’en assurer avant de m’asseoir, mais passons, il fallait pas trop m’en demander et je voulais juste, juste pour quelques heures, oublier ce qui venait de se passer et à quel point ça faisait mal.  

Oh moins il était seul, ou s’en fichait que je prenne la place de quelqu’un, c’était peut-être déjà un bon point non ? J’allais peut-être pouvoir oublier Charlie avec un parfait inconnu. Certes ca ne serait qu’un pansement sur une fracture ouverte, mais ça ferait peut-être l’affaire de soir. Me remerciant donc pour le faire, je levais le mien pour en boire une gorgée en guise de “pas de quoi”, il se présenta même, Lian, l’asiatique canon avait donc un prénom et il venait de me le donner. « Jessie. » répondis-je dans un sourire trop franc pour être honnête. Lui serrant donc la main non sans remarquer qu’il était plus tactile que nécessaire, cette dernière retomba sur la table lorsqu’il demanda pourquoi j’étais seul dans un bar. Sa seul hypothèse, un lapin posé. Riant légèrement, je jouais avec mon verre avant de reprendre mon sérieux, ou du moins mon air triste, « J’aurais préféré un lapin. » avouais-je alors, « Mais mon mari, enfin ex mari vient de faire annuler notre mariage. », c’était pas vraiment le bon moyen de draguer, ni de ramener quelqu’un chez soit. Mais j’étais déprimé, alcoolisé, mentir était compliqué.

« Je suis pas vraiment de ce genre, mais je suis ici pour oublier. », et pas qu’un peu, j’avais comme projet beaucoup d’alcool et si possible, beaucoup de sexe et ce même si les deux ne faisait pas vraiment bon ménage. « J’osais espéré que tu sois du genre bon samaritain à accepter d’aider un jeune presque divorcé à oublier ses problèmes… Je l’avoue. » ajoutais-je un large sourire sur le visage. Bien évidemment ce n’était pas vraiment très classe de ma part, mais de toute façon lui aussi semblait seul alors on va pas se mentir sur le fait qu’il puisse chercher la même chose non ?

« Et pourquoi t’es ici tout seul, Lian ? », je n’allais clairement me plaindre d’aucune raison, sauf si il me dit qu’il est hétéro, mais ça j’en doutais, mon esprit alcoolisé avait quand même relevé ses doigts un peu plus présent, il avait aussi relevé qu’il ne se plaignait pas de ma présence. Juste pitié, soit gay, ou au moins bi que je puisse vraiment m’amuser ce soir. C’était déjà assez compliqué comme ça d’oublier quelqu’un, alors le jour ou tu venais d’accepter une annulation, c’était IM-PO-SSI-BLE.

L’homme était sexy et polie. Il avouait tout comme moi qu’il était la pour trouver quelqu’un avec qui passer la nuit et se changer les idées, il n’avait seulement pas un divorce à oublier et… Et il eut la phrase, juste la phrase gentil qui même si je voulais qu’une chose, me fit prendre un peu de recule. Il n’était pas contre une nuit si c’était ce que je voulais, il ne voulait simplement pas que ce soit gênant que que je regrette. Souriant alors, j’avouais que la sympathie qu’il m’attirait faisait du bien et c’est sans vraiment me forcer que je ris à cette déclaration. Ca faisait du bien de rire. Il faudrait peut-être que je sois plus attentif, mais j’avais besoin du peu d’oxygène que cette conversation m’apportait. Même si ce n’était qu’une réponse désespéré de mon cerveau pour se sentir un peu vivant et aimé, ou apprécié du moins. Toutefois ce sentiment s’effaça quand il me demanda ce qu’il s’était passé avec Charlie. « Histoire con, on s’est rencontré, on a parlé et sans vraiment s’en rendre compte on a fini par sortir ensemble et lui il était flippé de tout, genre même coucher c’était se lancer dans une négociation, mais j’étais amoureux et un soir après une engueulade, de l’alcool et une partie de jambe en l’air je me suis retrouvé marié à un gars qui en réalité n’a jamais été prêt. », le drame se voyait à des kilomètres, mais je n’avais rien vu. « J’étais pas plus prêt, mais je pensais que si on s’aimait, ça irait... », mais pas pour Charlie visiblement. « C’est ridicule, ca fait des semaines qu’il a disparu, faut tourner la page. » ajoutais-je avant de relever les yeux vers lui et de lui sourire.

« Mais du coup, on peut parler pour rendre ça moins gênant demain au réveil… Je suis pas bien méchant, ni du genre à faire ça, j’aime bien les gens, ca devrait aller… Sauf si on se réveil marié, là… Là sincèrement y’aura un problème. » déclarais-je donc dans un rire assez franc qui devait chasser toutes mes préoccupations. En vain. J’avais besoin de plus de temps, mais parler, se connaître pourrait peut-être être une bonne façon d’avoir tout les deux ce qu’on voulait sans danger. « Maintenant que tu sais que je suis un jeune un peu stupide et fleur bleu, va falloir que tu m’en dises plus sur toi. » commençais-je dans l’idée de vraiment détendre le moment, « Comment on peut s’ennuyer seul chez soi ? » demandais-je alors.

Je l’imaginais pas dans un logement en particulier, mais il était… Non, juste je ne comprenais pas comment il pouvait s’ennuyer, il semblait assez facile d’abord, plus que sexy, pas méchant et respectable. Alors peut-être que c’était l’alcool qui l’idéalisait, mais il ne semblait pas du genre à avoir du mal à s’occuper, du moins pas à traîner dans un bar pour trouver comment passer la soirée.

Ce mec était inattendu, inespéré sans doute. Il comprenait, il m’assurait que je finirais pas oublier, je pouvais le croire. Avait-il lui aussi été confronté à ce genre de perte ? Intrigué, quoi qu’un peu alcoolisé, j’avouais que j’aimerais en savoir plus, mais pour lui sa vie n’avait rien de larmoyante. Il n’avait personne, il avait d’autres choses en tête et pas spécialement dérangé par ça. Souriant quand il affirma que dans ce genre de bar il était facile de rencontrer quelqu’un, de se sentir un peu moins seul. Il avait raison, nous en étions bien là, à parler, à oublier le temps de quelques instants là difficultés de ma vie, de ma réalité. Il proposa alors un nouveau verre, ou bien de partir d’ici. J’avouais que continuer à boire serait une bonne idée, mais j’avais de plus en plus envie d’être conscient. Bien évidemment je n’allais pas me sortir de la tête que je voulais finir la nuit avec lui, juste parce qu’il m’attirait, car il semblait bien et que dans un sens je voulais tourner la page, définitivement, avec Charlie.

Coucher avec un inconnu n’était pas la bonne solution ? Si, ça le serait toujours. « On peut partir d’ici… » soufflais-je en finissant mon verre avant d’ajouter, « J’abandonne pas mon projet avec toi, mais si je suis sobre y’a plus de chance pour que ça se passe bien et puis… » commençais-je alors, sourire franc aux lèvres, « T’as l’air cool comme gars, j’ai de moins en moins envie de pas me rappeler de cette soirée. », ce qui était stupide, enfin ça l’aurait été encore plus de continuer à boire et d’être tellement bourré que j’aurais eu l’impression de l’aimer réellement. J’étais tomber ridiculement amoureux de Charlie, bien trop vite, sans contrôle. Je ne ferais nullement cette erreur deux fois. Même si ne pas boire, prendre le temps de parler à l’autre c’était tout aussi stupide, mais c’était respecter l’autre, à mon sens c’était différent. Je n’avais aucune idée de si demain je pourrais ou voudrait le revoir, mais autant ouvrir une porte. Au cas ou.

« On pourrait aller marcher, y’a des coins sympas pas loin. » ajoutais-je pour le convaincre que c’était une bonne idée. Bon il l’avait proposé, c’était bien qu’il pouvait le vouloir ? À moins que cela ne soit juste qu’un essaie pour se débarrasser de moi. Ca serait chiant, clairement, mais je préférais peut-être rentrer bredouille, que de manquer de respect à un gars bien.