Washington DC by night, ou comment la ville semble prendre un tout autre visage, quand l’obscurité vient. Et pour s’amuser, il ne faut clairement pas rester dans les coins huppés que fréquentes les donzelles et les damoiseaux de la caste zéro et une. Non, pour s’éclater en bon et due forme, il ne faut pas avoir peur de s’enfoncer dans les tréfonds de la cité à la limite de la zone entre la deux et la trois. C’est clairement là-bas qu’on trouve les meilleurs clubs, des chouettes coin pour s’encanailler, sans que ça parte non plus complétement en couille. Et Hannah, ces lieux-là, elle les connaît bien. Enfin, elle y va d’abord pour danser, puis pour s’amuser et enfin pour boire un coup. Voir même parfois se la mettre à l’envers, pas Irlandaise pour rien la miss Brown. Mais ce soir point de déhancher en boite, non ce soir elle va juste passer un bon moment, dans un pub tenu par des amis de la famille. La jeune femme pourrait très bien rejoindre celui de ses parents, mais ils vont encore lui prendre le chou avec sa place au sein de la maison blanche. Et patati et patata ! La rouquine n’est absolument pas d’humeur pour ça. Si les amis sont au courant pour son poste, eux ils ont moins la décence de ne pas lui prendre la tête, même s’il est fort possible qu’ils n’en pensent pas moins.

Bah de toute façon les avis des uns et des autres, elle s’en tamponne un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. C’est sa vie après tout, pas celle des autres. Si elle comprend la position de ses parents, qui n’apprécie pas trop les décisions du gouvernement, sans forcément la cautionner. Hannah n’est pas du genre à se laisser guider, elle prend ses propres décisions et tant pis si ça ne plaît pas forcément. Bref ! La rouquine met de côté sa très chère famille pour cette nuit, elle aura tôt fait de se rappeler à son bon souvenir en temps voulu. Petite robe à fleurs, bottines à talons haut et veste en cuir, les soirées commencent à se faire fraîche. La voilà partie pour se farcir un long trajet en tramway jusqu’à arriver à destination, il n’y a pas que des avantages à vivre dans le centre-ville. Mais ça reste toujours plaisant de revenir là où elle a grandi, petit retour ou source. « N’oublie pas qui tu es ! » Comme dirait Mufasa à Simba.

Une fois dans la place, la rouquine salut les gens qu’elle croise. Dans ce quartier, tout le monde connaît tout le monde, et les nouvelles têtes ne passent jamais inaperçu. C’est ça le privilège des petites communautés. Oh bien sûr chacun et le bienvenu, mais gare à celui ou celle qui fera un pet de travers. Il y a déjà une bonne ambiance quand Hannah franchis les portes de l’établissement, ça rigole fort, ça parle vivement, ça boit déjà pas mal et ça fume vraiment beaucoup. Un vrai repère de pochtron. Après avoir salué les patrons et plusieurs clients, la rouquine se pose au bar. Une bonne bière pour démarrer la soirée.

— Hey Brown ?! l’interpelle un grand barbu. Parais-tu manies bien la queue, tu veux jouer avec des boules ?

Uhuu, la première blague grivoise ne s’est pas fait attendre. Heureusement qu’elle le connaît, sinon il se serait déjà pris un aller-retour.

— Tu peux crever pour que ce soit avec la tienne, qu’elle rétorque sur le ton de la conversation. Par contre un billard, je veux bien. Je vais te faire cracher ta maille !

Le barbu se fend la pipe avant de rasseoir. Puis il y a de nouveau la porte du pub qui s’ouvre, sur un nouveau visage cette fois-ci. Enfin, cette tête lui dit étrangement quelque chose à mademoiselle Brown, mais sans savoir ou la remettre. Peut-être une impression de déjà vu ? Les conversations n’ont pas cessé, mais il y a des regards qui suivent cet homme jusqu’au bar. Yeap, certains ne sont pas forcément toujours commode.

— ‘Lut, lance la rouquine au grand brun quand il se pose près d’elle. T’es pas un habitué.

Plus une constatation qu’une réelle question.

— Tu viens d’arriver ? reprends la jeune femme avec sympathie. Tu veux un verre, c’est moi qui paye !

Une façon comme une autre de faire connaissance et surtout de savoir à qui elle a à faire. On cause tellement mieux quand on est rond comme une queue de pelle.

Donc ce type vient juste d’arriver en ville, étrange, plus elle le regarde plus la jeune femme se dis que son visage ne lui est pas étranger. Pourtant, le léger accent qu’il semble trainer, indique bien qu’il ne semble pas originaire de DC. Ce n’est certainement pas dans l’armée qu’elle l’aurait croisé, ça elle s’en souviendrait, vivre plusieurs années les uns sur les autres, laissent pas mal de souvenir. C’est particulièrement rageant d’avoir la réponse sur le bout de la langue, mais que le cerveau refuse de coopérer pour la soulager de ce questionnement. Bref, toujours est-il qu’il accepte son offre de lui payer un verre, peut-être même qu’elle devrait lui offrir de quoi grailler, il n’est pas bien épais cet homme.

— De rien. Je bois une bière, explique Hannah en souriant.

Ah, il veut donc la même chose qu’elle, la rouquine n’est pas bien sûr qu’il est préparé à ça, mais bon, il va vite découvrir qu’il aurait mieux fait d’y réfléchir un peu avant. La jeune femme commande donc une seconde bière pour son « nouvel ami », une Snake Venom affiche un taux d’alcool de 67,5%, rien que ça. Merci les Écossais. Quand on sait qu’un la vodka, c'est 37,5% minimum d’alcool, faut bien savoir tenir le coup, rien qu’avec une bouteille y a possibilité d’être complétement cuit. Brown se retient donc d’éclater de rire et se reconcentre sur l’Asiatique, plutôt beau gosse au demeurant. Il finit par se présenter comme se nommant Lian.

— Enchantée Lian, répond la miss en lui serrant la main. Moi c’est Hannah.

Malgré son air un peu perdu et une certaine timidité affiche, Lian trinque tout de même avec elle. La rouquine boit une gorgée de bière, puis écoute la première question avant de hausser un sourcil en voyant qu’il continue de la vouvoyer. Sans doute une question de politesse, mais bon, dans un bar irlandais la politesse, c’est de tutoyer l’autre, vouvoyer risque d’être vraiment pris de travers.

— Tu peux me tutoyer, tu sais, je n’ai pas quarante balais. Mais non, je ne viens pas d’Europe, je suis née ici à Washington DC, mais j’ai des origines irlandaises, mes parents ont fui la république-tchèque avec leurs grands-parents. Apparemment la caste trois ce n’est pas le Pérou, mais presque un havre de paix comparativement à, ou ils ont pu vivre…

Enfin, c’est ce qu’il lui en dit, mais elle ne voit pas pourquoi Mr et Mrs Brown senior lui aurait menti. Quoi que, c’est vrai que son père à parfois tendance à en rajouter des tonnes quand il raconte des histoires. La remarque qu’il lui fait ensuite à propos des types du bar et de son charme supposé à elle, fait autant sourire la jeune femme, que de lui faire hausser un sourcil surpris. Peut-être pas si timide que ça le bougre. Alors, peut-être pas non plus aussi perdu qu’il en a l’air.

— Il ne faut pas te fier aux apparences, ni au joli minois que tu as sous le nez. Si ça se trouve, ces types la sont beaucoup plus charmant que tu ne l’imagines et moi une affreuse bonne femme. Comme on dit, l’habit ne fait pas le moine.

Hannah sourit en coin avant de boire une nouvelle gorgée de sa boisson et remarque que Lian n’a pas encore touché à sa bière, bizarre. En général, quand les gens viennent dans un bar irlandais, c’est pour passer un bon moment, mais surtout et avant tout pour boire n’importe quelle boisson, tant que c’est de l’alcool.

— Et toi alors, tu viens d’où ? Et comment tu t’es retrouvé à DC ? Je me doute que si tu viens d’arriver en ville, c’est que tu est émigré, mais ton arrivée ici n’est peut-être pas lié aux divers dérèglements climatiques que le monde subit encore.

Bon tant pis, elle va abandonner pour le moment, même si sa tête lui dit quelque chose, impossible de retrouver ou elle a pu le voir. Comme d’habitude, ça lui reviendra quand elle n’y pensera plus et elle se fera la réflexion que « Ah oui tiens, la solution était aussi simple que ça espèce de crétine ! ». Bref, en attendant ce glorieux moment, elle se concentre plus sur la réponse que Lian lui donne à propos de ses origines. Beijing donc, soit la capitale de la très glorieuse République populaire de Chine, elle n’y est jamais allée, mais en déjà quelques images sur internet. Une ville flirtant avec des bâtiments modernes et des structures plus antiques comme la Cité Interdite par exemple. Chouette vitrine pour les potentiels touristes qui voudrait aller là-bas en vacances. Même si la rouquine sait pertinemment que malgré les jolies images sur le net, les choses ne sont pas si belles que ça dans ce pays. Et le brun confirme rapidement par ses mots, les pensées de la rouquine que la vie en Chine, ce n’est vraiment pas une sinécure. Enfin, tout dépend de qui tu est et surtout ou est-ce que tu es né.

— Oui, ici comme ailleurs, si tu veux avoir la belle vie, mieux vaux être né au sommet.

Ce n’est même pas une critique vis-à-vis du parti The Alternative, c’est juste un fait, l’argent était et sera toujours le nerf de la guerre. Parce que vivre d’amour et d’eau fraiche, ça va bien cinq minutes, ce n’est pas de la flotte qui va nourrir tes gosses ou les habiller. Donc ouais, on aura beau dire et quand bien même il n’y a pas que ça dans la vie, clairement la thune ça améliore pas mal de chose. Elle sait de quoi elle parle.

— Je parle peut-être sans connaitre ton pays, mais ils ont tendance à arrêter n’importe qui, pour n’importe quoi, surtout si tu ouvres la bouche pour dire que tu n’es pas content. Je veux dire, ici ce n’est pas le paradis dire le contraire serai franchement hypocrite de ma part, mais disons que si tu n’es pas d’accord avec The Alternative, tu as le droit de le dire. S’ils arrêtaient les gens pour ça, ça ferait un moment qu’il n’y aurait plus d’opposition face à eux.

La rouquine a un sourire un brin amer, quand Lian lui dis qu’ici « tout le monde a une maison, un bon travail et un bon salaire ». Le rêve américain par excellence. Enfin, qu’on se le dise, les choses sont un peu plus complexes que ça. Encore une fois, ici comme ailleurs il y aura toujours des gens au sommet de la chaîne alimentaire et d’autres tout en bas. C’est pratiquement comme ça depuis la nuit des temps. En revanche maintenant qu’elle y pense, il y a un petit truc qui la turlupine ?

— Tu as toujours vécu dans la rue alors ?

Question somme toute innocente, à voir ce qu’il va lui répondre, encore plus quand il lui dit que ça ne fait que trois mois qu’il est là. Ouais, il y a clairement un truc qui l’intrigue, là-dedans. L’homme continue sur sa lancée, lui expliquant qu’il ne vit plus dehors et qu’il a un travail, c’est un bon début en tout cas, certains n’ont pas forcément cette chance. Et comme le dis l’adage, les petites rivières font les grands ruisseaux. Par contre sa question suivant la laisse un brin pensive, parce qu’on a beau te donner la chance d’avoir une vie meilleure ici, ce n’est pas toujours aussi aisé d’y arriver. Même alors qu’elle est une caste 0, la rouquine le sait, parce qu’elle se souvient d’où elle vient contrairement à certains. Hannah observe Lian qui lui-même l’observe, attendant semble-t-il une réponse. Elle n’en montre rien, mais elle garde tout de même une étrange sensation face à cet homme, qui a pourtant tout de l’émigré classique.

— Pour être tout à fait honnête avec toi, être une bonne personne n’est pas suffisant. Il faut beaucoup travailler, faire attention à l’environnement en évitant de polluer, être végétarien, pratiquer le recyclage. Être irréprochable quoi…Enfin, aussi irréprochable que possible pour la société. Puis la chance, ouais la chance ça joue quand même beaucoup aussi. Le chemin peut être long avant d’avoir la vie de tes rêves…

Brown le fixe de haut en bas, se disant qu’il devrait prioriser les choses le concernant.

— Commence déjà pas te remplumer, c’est plus sympa de rêver l’estomac pleins !

La rouquine fait signe au barman de lui filer de quoi manger, ça ne peut pas lui faire de mal. Dans la fouler, le grand brun exhibe son portable sous les yeux un peu taquin de la jeune femme, il n’est pas le premier, ni le dernier des émigrés de DC à s’exciter parce qu’ils ont de la technologie dans les mains. Ce n’est pas méchant, mais elle a toujours trouvé ça ridiculement adorable. Pouf, tout en rangeant son précieux dans la poche de son sweat trop grand, voila qu’il lui pose à nouveau une question, il a un puit sans fond ou quoi.

Hannah à un sourire en coin et croise les jambes, avant de poser son coude sur le bar et de caler son menton dans sa main. L’observant légèrement de côté.

— Peut-être bien ! qu’elle répond simplement.

Le bar man arrive ensuite avec un plat typiquement Irlandais, et qui sent drôlement bon.

— C’est du Seafood chowder, une soupe de poisson à base de pommes de terre, céleris, carottes et de trois poissons, saumon, haddock, et colin. Enfin, c’est du poisson reconstitué hein. Bref, bon appétit, j’espère que cette soupe aura plus de succès que la bière.

Ouaip, elle voit bien que le verre n’a pas bougé depuis le début de la conversation. Nouveau sourire en coin.

Le froncement de sourcils de Lian ne lui échappe pas, est-ce qu’elle aurait posé une question qui ne fallait pas ? Ou qu’il ne préférait pas entendre ? Elle ne sait pas trop, il y a un truc chez ce type qui l’intrigue, mais sans réussir à mettre le doigt dessus. « Ou alors tu deviens complétement parano meuf ! ». Un sourire moqueur pour sa personne s’épanouit sur son visage, et elle secoue doucement la tête. Ouais, c’est une autre possibilité ça. Quand elle a obtenu son poste auprès de la vice-présidente, on lui a plus ou moins conseillé de ne pas accorder sa confiance à n’importe qui. Qu’elle devait rester vigilante, parce qu’elle a souvent des informations sacrément importantes entre les mains et qu’il ne faudrait pas que quelqu’un en vienne à la manipuler. Comme si elle criait sur tous les toits qu’Hannah Brown est l’assistante de Tess Newlight.

Toujours est-il que la rouquine a peut-être mis la charrue avant les bœufs, en se méfiant d’emblée de lui. Ce n’est pas parce que sa tronche lui dit quelque chose, qu’elle doit y voir un signe quelconque. La jeune femme devrait peut-être lui laisser le bénéfice du doute non ? Surtout qu’il est plutôt sympathique. Donc oui, elle va bien voir ou cette conversation les mène, sachant qu’il y a de grandes probabilités qu’elle ne le recroise jamais. Le grand brun finit par répondre à sa question, lui expliquant que non, il n’a pas toujours vécu dans la rue, que ses parents l’ont mis à la rue quand il avait 23 ans. Sympa les deux vieux. Hannah ne sait pas trop ce qu’il a fait, pour que père et mère le mettent à la porte du domicile, mais elle trouve quand même ça vachement dur. Quand bien même, la rouquine aimerait bien savoir pourquoi, elle va s’abstenir de poser la question. Ça risque de remuer des trucs pas évidents pour lui. Enfin, ça explique qu’il sache bien parler l’anglais, Lian a dû recevoir une certaine éducation avant de découvrir les joies de la vie dans la rue. Euphémisme. Car certains émigrés quand ils arrivent ici, ne savent pas aligner trois mots. Elle trouvait ça étrange aussi qu’étant à DC depuis trois mois, l’Asiatique sache si bien parlé sa langue. Bref, elle a visiblement psychoté pour rien.

— Sympa tes parents, foutre son gosse dehors faut le faire quand même ! Je ne sais pas trop pourquoi ils ont fait ça, et ça ne me regarde pas. Mais à moins que tu ai fait un truc super grave comme je ne sais pas… Vouloir tuer des gens. Ton gamin ça reste ton gamin, même s’il fait tout un tas de conneries.

Enfin en théorie, dans la pratique Hannah se doute bien que tout n’est pas toujours aisé, et que certaines choses sont plus supportables que d’autres, en fonction des individus. Mais si dans l’avenir elle devait devenir mère et que son enfant pour x raisons commencées à faire n’importe quoi, elle ferait au mieux pour l’aider. La famille avant tout comme on dit, être là pour les siens en toutes circonstances, une valeur que ses parents lui ont inculquée et dont elle a fait sienne à son tour.

— Je te souhaite tout le bonheur du monde Lian ! s’exclame Hannah en levant son verre, puis de boire une gorgée de bière. Ce serait un beau pied de nez à tes parents et à la vie.

Le grand brun lui pose à nouveau une question sur ses parents, interrogation qu’elle élude en répondant de façon un peu énigmatique. La rouquine n’a pas spécifiquement envie de s’étaler sur sa famille, surtout pas devant un inconnu. Mr et Mrs Brown flirtant parfois avec des gens pas toujours très clair, et n’étant pas d’accord avec le gouvernement actuel, elle ne va pas leur parler d’eux, n’ayant pas envie qu’ils aient des problèmes. Quand bien même Lian est un homme charmant, malgré son côté curieux, il reste un émigré qui souhaite avoir une belle vie. Et elle sait pertinemment que certains ne se gêne pas, et utilise la délation pour obtenir des points et parvenir plus vite à leur objectif. Ouais, les p’tits réfugiés, ce ne sont pas tous des Bisounours.

À voir dans quelle case se classera Lian.

Le repas de l’homme finit par arriver, et Hannah lui souhaite un bon appétit espérant qu’il expédiera plus vite la soupe que la bière. Après un sourire pour le repas, Lian embraye justement sur sa remarque sur l’alcool et la jeune femme hausse les épaules.

— Ah bon ? Je ne savais pas qu’on disait ce genre de truc…

Ouais, elle a beau réfléchir, elle ne se souvient pas avoir déjà entendu cela quelque part.

— Tu sais les ont dits, c’est comme dire que tous les Irlandais sont des gros pochtrons.

Un coup d’œil aux autres clients, qui semblent déjà être dans un état second. Hannah rit.

— Ok, ici on n’a pas vraiment des supers exemples en termes de sobriétés ! Et de rien pour la soupe.

Une nouvelle gorgée de bière pendant que Lian mange son plat, et après quelques cuillères, il reprend la parole, revenant sur le sujet de ses parents. Et lui faisant hausser un sourcil avant de sourire, se demandant pourquoi il tient tellement à en savoir plus sur eux.

— Oh tu vas vite en besogne là, déjà je t’aie juste expliqué comment tu pouvais gagner quelques points si tu veux changer de caste, je ne trouve pas que je me suis étalé plus que ça sur le gouvernement, rétorque Hannah faussement sérieuse. Quant à mes parents, on pose des questions sur eux après plusieurs rendez-vous, tu brûles un peu les étapes, mon grand !

Bon, elle le met un peu en boite, rien de méchant, un peu de flirt aussi, mais pareil rien de bien méchant.

— À moins que tu veuilles sortir avec mes parents ? reprends la miss en riant. Ma mère aime les fleurs et mon père le chocolat, commence par là si tu veux une chance. Même si je ne suis pas bien sûr qu’un ménage à trois les intéresse beaucoup !

Ce n’est pas plus mal qu’ils changent de sujet, après que Lian lui eut expliqué pour ses parents et l’acte vraiment navrant qu’ils aient fait à l’encontre de leur fils. Oui, il ne faut pas avoir de cœur pour mettre son enfant à la porte, sans autre forme de procès. La jeune femme est donc bien contente de ne pas être entrée dans les détails, en le questionnant sur le pourquoi du comment. La tristesse s’est assez bien peignait sur son visage quand il a un peu évoqué son passé, donc pas besoin d’en rajouter une couche. Mais quand elle a trinqué avec lui pour lui souhaiter une vie meilleure, le grand brun à tout de même réussit à esquisser un sourire un peu penaud, mais un sourire quand même. Malgré sa voix tristounette, il s’est joint à son geste, et à même bu une gorgée de bière, qui jusque-là n’avait pas bougé d’un centimètre. Miracle parmi les miracles.

Même si ce n’est pas encore trop ça, on vient dans un bar pour boire, voire même se saouler. Et on ne peut pas dire que le beau brun entre dans l’une ou l’autre de ses solutions. Voilà comment le sujet dérive finalement sur l’alcool, et qu’il lui explique mine de rien que les Asiatiques ne tiennent pas l’alcool, cliché fort répandu dans le pays de l’oncle Sam. Enfin, la rouquine n’a jamais entendu dire ça, mais il est fortement possible qu’elle n’ait pas vraiment fait attention à ce genre de débilité. C’est comme dire que les Français se trimballent toujours avec une baguette sous le bras, ou comme ici, que les Irlandais sont des bons gros alcooliques des familles. Enfin, vu que la plupart des clients commencent à être rond comme des queues de pelles, difficile ne de pas se noyer dans le cliché. Ce que Lian lui fait remarquer au passage en jetant tout comme elle, un coup d’œil autour d’eux. Hannah fait une petite moue faussement vexée, alors qu’il la regarde en souriant. Puis de reprendre tranquillement son repas.

— Hey ! Eux le sont peut-être, mais pas moi, qu’elle bougonne en se retenant de rire, et lui collant une pichenette sur l’épaule. Regarde, je n’ai même pas encore fini ma première bière !

Oui, ce soir, il n’est pas prévu que celle la mette à l’envers, en général quand elle boit beaucoup, elle fait ça avec d’autres personnes, c’est tout de même plus sympathique. Et vu ce que Lian vient de lui dire, pas sûr qu’il veuille l’accompagner là-dedans, ou même qu’il tienne la distance s’il commence à picoler en sa compagnie. La conversation reprend rapidement, quand entre deux gorgées de soupe, le grand brun revient sur le sujet de sa famille. Et la rouquine lui répondant en se moquant un peu de lui, tout en flirtant au passage, ce qui le fait rire, loin d’être vexé par sa taquinerie. Mieux encore, il en rajoute une couche la faisant rire.

— Me demander ma main ? répète Hannah un sourire jusqu’aux oreilles. Quel gentleman, tu sais que ça ne se fais plus trop d’aller demander la main de sa damoiselle aux parents. T’as aussi sacrément confiance en toi, qui te dis que j’accepterais ?

La rouquine hausse les sourcils plusieurs fois de haut en bas, toujours avec ce petit sourire un brin moqueur. Sourire qui disparait, sa bouche formant un petit o de surprise, quand l’Asiatique lui sort qu’il se concentre sur elle et sur la façon de la convaincre de sortir avec lui. Drôle de retournement de situation, d’accord, elle a flirté, mais la miss ne pensait pas que ça aurait ce genre d’effet sur son compagnon de bar. C’est flatteur. Puis il reprend en lui demandant si elle aime les fleurs, allant même jusqu’à lui proposer d’en voler pour elle. Houla !

— Oui j’aime les fleurs, les tournesols plus particulièrement. Mais pas besoin d’en voler, je ne veux pas que tu t’attires des problèmes pour mes beaux yeux, qu’elle répond en papillonnant outrageusement des paupières. Puis les fleurs, c’est bien plus joli dans la nature que dans un vase.

Hannah finit par rougir légèrement quand il continue sur sa lancée, parce que c’est aussi adorable que gênant. Mais, est-ce que c’est vraiment si mal de se prêter à ce jeu, avec un type qu’elle vient à peine de rencontrer ? Non, puis il faut savoir se mettre en danger par moment, enfin, sans exagérer non plus.

— Comment on fait la cour à une jolie Irlandaise ? s’interroge la miss en faisant mine de réfléchir. Pas besoin d’une autre bière, pas besoin de boire la tienne non plus. M’emmener danser, ce serais déjà un bon début !
Le sourire qui revient à nouveau, mais plus enjôleur que taquin cette fois.

Alors, est-ce que Lian est prêt à s’élancer sur le dancefloor, pour un flirt avec elle ?

La réponse d’Hannah sur la façon dont il devrait lui faire la cour, semble surprendre le grand brun. Est-ce si étrange que ça, que la jeune femme lui propose d’aller danser ? Enfin, peut-être que ce n’est pas trop dans les habitudes de Lian après tout, d’où sa surprise. Mais c’est une bonne chose de sortir de sa zone de confort, il y a parfois des belles découvertes quand on se fait violence. La rouquine boit une autre gorgée de bière, pendant que l’homme semble réfléchir sa proposition, tout en jetant un coup d'oeil à la pièce. Pour que finalement, ses lèvres s’étirent en un grand sourire, faisant sourire la miss à son tour, contente de voir qu’ils vont pouvoir se déhancher un peu sur le dancefloor. Il ne tarde d’ailleurs pas à verbaliser son assentiment, hochant en même temps la tête. Au moins de cette façon, elle est sûre de chez sûre que son compagnon de bar, accepte de danser avec elle. Si jamais il y avait encore un doute, le voilà envolé.

Une autre gorgée de bière, la boisson dans la pinte commençant doucement à descendre, puis il se redresse, lisse ses vêtements, sans doute dans le but de paraître plus présentables. Même si à l’avis de la jeune assistante, Lian est ce genre d’homme qui, même vêtu d’un sac à patates sera toujours aussi charmant. Le grand brun lui présente donc sa main, l’invitant à danser, et c’est seulement à ce moment-là que la rouquine comprend, qu’ils vont danser dans le bar. Ce n’était pas vraiment le plan de base, la miss pensée plutôt rejoindre une boite de nuit, plus propice à ce genre d’activité. Mais après tout pourquoi pas, il n’est pas interdit de gigoter dans un bar irlandais après tout.

— Bien volontiers monsieur, répond la jeune femme en prenant la main tendue.

L’Asiatique l’entraîne donc au milieu du bar, là ou ils seront les plus visibles tant qu’à faire et elle doit se retenir pour ne pas éclater de rire, tant la situation est aussi ridicule que franchement marrante. Non clairement, elle ne s’attendait vraiment pas à ça quand elle lui a proposé de danser.

— Tu es un homme plein de surprise Lian, je pensais plus à une boite de nuit, que cet endroit pour danser.

Ouais, ils vont vraiment offrir un chouette spectacle, aux clients pas encore assez ronds pour remarquer ce qu’ils font. Il parait que le ridicule ne tue pas, ils ne risquent pas grand-chose alors, peut-être qu’ils vont passer un bon moment même. Une main dans celle du brun, son bras autour de sa taille à elle et les voila en train de tourner doucement, pas vraiment en phase avec la musique. C’est quand la dernière fois que la jeune femme s’est retrouvée à évoluer de cette manière avec un homme ? Ah oui, c’était avec Luke, pour leur soirée de fiançailles. Les yeux d’Hannah se voilent quelques instants de tristesse, avant de chasser le visage du défunt de son esprit. L’instant présent, c’est le plus important. De se concentrer sur ce qui Lian, plutôt que laisser des souvenirs encore tristes envahir ses pensées.

— Vraiment ? C’est quand la dernière fois que tu as dansé ? questionne la rouquine, avant de rependre. Je peux t’emmener danser la prochaine fois, enfin de façon plus dynamique bien sûr.

Ah ! Parce qu’il y aura une prochaine fois ? Peut-être ? À voir comment va se terminer la soirée. Puis surtout à voir si le grand brun veut la revoir ou non. Bref, ils n’en sont pas encore franchement à ce point-là, chaque chose en son temps. Hannah finit par tourner la tête vers les clients, à la question de Lian. C’est vrai que certains les regardes, mais la plupart, sont plus occupés à rire et à se pinter, que de faire attention au couple qui danse doucement.

— Tu imagines des choses personnes ne nous regardent, répond Hannah faussement sérieuse. Puis tu sais d’habitude, ils sont tous levés et sont en train de danser des slows, ce qu'on fais n'a rien de choquant. Mais ce soir, on dirait qu’ils n’ont pas trop envie.

La jeune femme hausse les épaules, si quelqu’un y retrouve à redire, elle ne gênera pas pour l’envoyer bouler.

— Pour le moment tu t’en sors bien, tu ne m’as pas marché sur les pieds, malgré tes grands panards.

Hannah tente ensuite de faire tourner Lian sur lui-même, comme dans les films ou les héros dansent ensemble. Mais elle est beaucoup trop petite, même en sautillant et avec ses talons, c’est impossible. Si elle avait su, elle aurait mis des échasses.

Même si ça ne dure que quelques secondes à peine, la tête que tire Lian après lui avoir expliqué qu’elle se serait plus vu danser en boite de nuit, est vraiment impayable. Et la rouquine doit faire de son mieux pour ne pas rire, heureusement, le grand brun semble s’être rendu compte du quiproquo et ris de bon cœur, la jeune femme se joignant à lui sans se faire prier. Au moins, il a de l’auto-dérision, et surtout, il ne se confond pas en excuse de ne pas avoir saisi, déjà parce qu’Hannah aurait dû le préciser et surtout, il n’y a vraiment pas mort d’homme.

— Et c’est une bonne chose, j’aime rire, ça fait du bien de rire, répond la rouquine avec un grand sourire aux lèvres. Mais je te confirme, tu t’en sors bien, j’ai déjà vécu pire, vraiment pire.

Comme ce premier rendez-vous ou le type s’était avéré être un gros relou et s’était pris un aller-retour, après lui avoir sorti qu’il ne c’était jamais tapé de rousse. Tellement élégant. Bref retour à l’instant présent. En tout cas, si elle s’amuse bien, il lui semble que son vis-à-vis prend aussi autant de plaisir d’être en sa compagnie et tant qu’il ne lui sort pas des trucs de gros porcs, ça devrait le faire. Parce que bon, qu’on se le dise, quand la jeune femme a commencé à lui parler en début de soirée, rien ne présagez que les deux loulous finiraient par danser au milieu du bar. Absolument rien. Comme quoi, quand ça semble présager du bon, on finit avec un abruti et quand ça semble présager du mauvais, on finit avec quelqu’un de plutôt pas mal vu d’ici.

La conversation se poursuit et après une triste pensée envers feu son fiancé, Lian lui explique que la dernière fois qu’il a dansé, c’était à un mariage. Ah ! Ça reste dans le thème quelque part, fiancé, mariage tout ça, tout ça.

— Je vois, souffle la jeune femme avec une petite moue.

Elle est donc plus que ravie quand l’Asiatique passe à autre chose en lui posant une question, et qu’Hannah lui répond en se moquant un peu des clients du bar au passage. Pas grave, personnes ne les ont entendus. Le rire de la rouquine redouble d’intensité, quand elle voit Lian jeter un coup d’œil aux joyeux pochtrons, lui faisant remarquer qu’il n’oubliera jamais cette image. Ce qu’elle peut comprendre, il n’y a rien de plus hilarant que des gros bonhommes complétement torchés, qui danse amoureusement les uns avec les autres. Oui, elle risque de les voir autrement maintenant. Poursuivant leur slow improvisé, le grand brun à la gentillesse de se plier pour l’aider à le faire tourner sur lui-même. Hannah a une bonne taille, mais elle est très loin d’égaler celle de Lian. Un tour et la revoilà dans ses bras, riant de plus belle face au questionnement.

— Nous sommes au 21éme siècle très cher, les femmes ont le droit de faire tourner les hommes et les hommes de se laisser mener en souriant !

La rouquine lui tire la langue et c’est à elle de tourbillonner quelques secondes sur place. Heureusement qu’elle n’est pas saoule, sans doute qu’elle aurait trouvé le moyen de se vautrer comme une crêpe, à moins que le brun n’aurait eu le réflexe de la rattraper avant le drame. La jeune femme ne le saura sans doute jamais, puisqu’elle arrive à se maintenir debout et se retrouve à nouveau dans les bras de l’homme. Ils dansent encore quelques minutes, le slow se transformant en autre chose et c’est sûr cette autre chose qu’ils s’arrêtent et retournent à leur tabouret.

Si Lian ne reprend pas de bière, miss Brown s’envoie une bonne rasade de la sienne, la boisson est encore fraîche et lui désaltère le gosier. Tant pis si en sortant d’ici elle se retrouve un peu trop enjouée à cause de l’alcool. Ah ! Mais sa proposition, d’aller danser dans un endroit plus approprié, ne semble pas être tombé dans l’oreille d’un sourd. Hannah se peut s’empêcher de sourire. OK, elle le trouve carrément craquant.

— Techniquement, ce serais le premier, celui-là et non officiel. Mais oui, si tu penses pouvoir me supporter, je serais ravie de remettre ça !

Et gentlemen en plus.

— C’est gentil, mais j’habite dans le centre-ville, ça risque de te faire une sacrée trotte pour revenir après. Mais on peut faire un bout de route ensemble si tu veux.

Ça prolongera un peu la soirée qui plus est.

Hannah fait un peu la moue quand Lian s’insurge, pourtant elle n’a pas dit que ça ne comptait pas, mais que ce n’était pas officiel. Nuance. À moins que ça ne revienne à la même chose, la rouquine ne sait pas trop. Elle a un peu de mal à réfléchir, l’alcool et l’endorphine créer par les rires de l’un et de l’autre inhibe un peu son cerveau qui est mode bien être. Alors son visage ne tarde pas trop à se fendre d’un nouveau sourire, surtout quand le brun se met à la taquiner.

— Je vous trouve bien confiant jeune homme, comment pouvez-vous être sûr que je sois sous votre charme ? questionne innocemment miss Brown.

Même si c’est déjà le cas, en témoignes son sourire un peu niais et ses joues rouges, elle ne compte pas le lui dire maintenant, peut-être au prochain rendez-vous officiel, s’il se fait. Bon, l’Asiatique n’est pas bête non plus, il doit le voir, comme elle voit qu’elle ne le laisse pas indifférent vu la façon dont il la regarde. Mais bon, c’est sans doute bête, mais c’est le genre de petite déclaration que la rouquine va garder encore un peu pour elle. Donc, on verra si elle est ou non toujours sous son charme quand ils se recroiseront, de façon fortuite ou préméditée.

Lian lui propose ensuite de la raccompagner chez elle, ce qu’Hannah décline gentiment. Non pas parce qu’elle ne veut pas qu’il voie son chez elle, si jamais il devenait bizarre ou trop entreprenant, elle saurait très bien le remettre à sa place comme il se doit. Non, c’est vraiment plus dans l’optique de lui éviter un sacré aller-retour. Et puis bon, il aura tôt fait de voir ou elle habite si les choses vont plus loin. À voir donc. La rouquine voit bien que le brun est un peu déçu de son refus, mais au moins, il n’insiste pas et elle l’en remercie silencieusement. Les forceurs l’ont toujours saoulé.

— Bien chef ! répond-elle face à cette réponse un peu directive.

Mais elle ne s’en offusque pas spécialement, il a l’air vraiment de vouloir la raccompagner quelque part et ça l’amuse plus qu’autre chose. Hannah règle la note pour les deux bières et la soupe, puis hoche la tête vers son compagnon du soir, avant de prendre sa main pour se lever. Le monde tangue un peu quand elle est sur ses deux pieds, mais elle n’est pas complétement torchée, donc arrive à tenir debout. La jeune femme salue les clients et le barman avec joie, puis se retrouve à l’extérieur avec un Lian soudainement bien silencieux. La petite demoiselle marchant à côté de lui, se demandant bien si, elle a dit ou fait quelque chose de mal ? Pourtant ça avait l’air d’aller quand ils étaient encore dans le bar. Miss Brown fait un peu la moue, mais respecte le silence de Lian. Peut-être qu’il vient de repenser à un truc triste, ou quelque chose du genre ? Va savoir.

L’arrêt de tram n’étant vraiment pas loin du bar, ils ne leur faut finalement que quelques minutes de marches pour le rejoindre. Et vu comment les choses tournent, finalement, il n’y aura peut-être pas de second premier rendez-vous officiel. L’idée la déçoit quand même pas mal, mais encore une fois, s’il ne veut pas, elle ne va pas le forcer. La jeune femme jette un rapide coup d’œil sur l’écran annonçant l’arrivée du prochain tram, dans un peu moins de cinq minutes. Avant de poser ses yeux verts sur Lian, qui la regarde avec un sourire un peu penaud. Lui faisant à nouveau se questionner sur son changement d’humeur, parce que son excuse de la bière, elle a un peu du mal à y croire.

Elle hoche tout de même simplement la tête. Mais la voilà tout de même surprise, puisque contre toute attente, il lui propose de lui donner son numéro. La rouquine ne sait plus trop sur quel pied danser, mais elle plonge malgré tout sa main dans la poche de son cuir, et tend son téléphone au grand brun, ayant bien envie de remettre ça. Clairement, il ne pourra rien y faire, tout simplement parce que si Hannah se dit qu’elle va y réfléchir, au fond, elle sait très bien que la décision est déjà prise. Portable rempoché, il est maintenant temps de se dire à bientôt, sans aucun doute.

— Moi aussi, elle était inattendue, mais très plaisante…

Hannah hésite, puis s’avance finalement, se mettant sur la pointe des pieds, elle dépose une simple bise sur la joue fraîche du grand brun. Avant de sourire et de se reculer en direction du tram qui arrive au quai.

— Y a de grande chance pour que ça arrive…Bonne nuit Lian.

Un dernier regard, puis la rouquine pénètre à l’intérieur de la rame, avant de s’asseoir, toujours un sourire sur les lèvres, alors que le tram s’éloigne en silence.